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La téléconsultation est une consultation déportée par l'intermédiaire d’une plateforme digitale. La plupart des outils courants aujourd'hui sont des outils de type visioconférence "sécurisée" selon des normes particulières permettant au médecin et à sa/son patient(e) de se parler ainsi que de se voir comme s'ils étaient au cabinet.
La téléconsultation, tout comme la consultation, a plusieurs temps ou moments qui ne sont pas tous pleinement réalisables ou transposables virtuellement aujourd'hui ; je parle notamment de la pratique de l'examen physique qui permet de palper, percuter, de tout voir (des endroits qu'un smartphone ou une simple webcam ne peuvent regarder tel qu'un tympan par exemple) et écouter le patient.
Aussi, aujourd'hui, beaucoup de solutions orientées vers le domicile proposent un mode dégradé de la consultation médicale et non une transposition. La téléconsultation apporte néanmoins un certain nombre d'informations fortes utiles à de bonnes orientations, et parfois suffisantes pour certaines prises en charges (évaluation psychologique et cognitive à titre d'exemples).
Je suis un médecin geek, et mon double cursus tech et médical m'avait évidemment poussé à expérimenter ce que le digital pouvait apporter à la santé ou plus spécifiquement à la médecine.
Je fais partie des pionniers de la téléconsultation de ma génération en ayant emboîté le pas de mes pairs (les docteurs Louis Lareng, Pierre Simon, et pour l'AVC Thierry Moulin) aussi cela fait plus de 15 ans que je la pratique essentiellement en milieu hospitalier, et malheureusement trop longtemps dans un cadre d'expérimentations... j'accompagne des entreprises spécialisées et des programmes africains, et depuis environ 3 ans je réfléchis le sujet autrement, notamment pour répondre aux problématiques de l'usage sur les territoires, avec des sujets d'expériences utilisateurs pour faciliter l'adhésion. Je pense effectivement que les outils digitaux au-delà de la télémédecine, sont des outils très utiles quand ils sont simples d'usage et améliorent significativement l'accès à la santé (non restreint aux soins).
La téléconsultation, ou consultation à distance n'apporte aujourd'hui rien de plus qu'une consultation en chair et en os en matière d'information médicale, et notamment du point de vue corporel puisque l'on est limité à un nombre restreint de manipulations physiques (c'est compliqué de palper un ventre à distance, à moins que nous ayons prochainement des gants haptiques, permettant de reproduire fidèlement le palper du ventre à distance...) ; la téléconsultation apporte des solutions du point de vue organisationnel, de la réponse aux enjeux du suivi de populations distantes, enclavées, fragiles, très âgées en perte d'autonomie, ou handicapées... elle permet de réduire les pertes de vues parfois liées à la non venue de populations au cabinet. Pendant la pandémie de la Covid 19, nous avons d'ailleurs mis en pratique le sujet et permis le suivi de plus de 400 patients fragiles avec la mise en pratique des services de Docs On The Road sur plusieurs territoires tels que Paris et le département de l'Eure.
La téléconsultation est une vieille pratique, restée trop expérimentale pendant plus de 20 ans, et qui n'a bénéficié de son lancement réel qu'il y a 2 ans. Elle est donc une pratique conventionnelle et jeune. La Covid a permis le début d'une démocratisation de la pratique, aussi bien auprès de professionnels de santé que de la population déjà au fait des pratiques numériques et à l'aise avec le digital. Néanmoins, l'accès à la téléconsultation pose des problèmes à 4, voire 5 français sur 10 aujourd'hui par méconnaissance de son usage, la complexité d'accès au digital (e-inclusion) et souvent l'absence de connexion à internet ou utilisation de supports connectés, ou tout simplement par l'absence de couverture Télécom (nombreuses zones grises et blanches sur le territoire français)
En pratique j'ai 3 catégories de patients dans ma pratique professionnelle étant moi-même depuis peu avec une pratique mixte, à la fois hospitalière et extra-hospitalière (libérale).
1. les patients à l’hôpital sont bien encadrés quel que soit l'âge ou la dépendance aussi ils se laissent guider et étant donné qu'on leur explique le sujet et qu'ils ont un peu près tous entendu parlé de la télémédecine c'est facile. Mais la pratique hospitalière est plutôt sous exploitée globalement, certaines spécialités sont néanmoins très actives (dermatologie par exemple).
2. les patients ayant à la fois une pratique diversifiée au quotidien du digital (6 français sur 10) et équipés de smartphones (à peu près toute la population active) accèdent assez facilement aux outils, principalement privés, qui se sont développés depuis les 10 dernières années pour répondre aux enjeux du grand publique.
3. les populations âgées, ayant un handicap, un niveau social bas, habitants en zone rurale sont plutôt en difficulté sont en recul et en difficulté sur ces sujets... c'est d'ailleurs sur ces champs précis que Docs On The Road intervient en coopération avec tout un tas d'acteurs de territoires.
Quand vous touchez à des populations qui sont hors inclusion digitale, qui sont dans des zones mal couvertes par les télécommunications ou encore qui ont une complexité de prise en charge ou en perte d'autonomie, il est nécessaire d'avoir des binômes de professionnels de santé, pour créer le lien et constituer un maillon de la chaîne qui manque sur les territoires et qui permet de ne pas perdre de vue des patients que l'on ne voit plus ou pas assez.